Les soucis financiers et les enfants

Les bébés de la naissance à 18 mois sont capables de déceler la tension entre les parents, mais ne peuvent pas comprendre le raisonnement à l’origine du conflit. Si la tension persiste, les bébés peuvent sembler nerveux, surtout en présence de personnes qu’ils ne connaissent pas.

La mère : « Assure-toi d’avoir un siège d’auto lorsque tu viendras chercher Benoit samedi. »

Le père : « Tu sais combien ça coûte? Je n’ai pas les moyens d’en acheter un d’ici samedi. Pourquoi je ne pourrais pas tout simplement utiliser le tien? »

La mère : « C’est tellement typique. Tu as de l’argent pour sortir avec tes amis après le travail, mais pas assez pour acheter le nécessaire pour ton fils. »

Voici quelques pistes de solution :

• Ne vous disputez pas devant les enfants.
• Diminuez chez votre bébé la réaction de sursaut provoquée par l’exposition à des voix fortes et à l’expression de la colère.

Les enfants de 18 mois à 5 ans sont conscients qu’ils sont des entités distinctes de leurs parents. Souvent, la séparation signifie un changement de résidence, d’établissement préscolaire ou de garderie. Il peut y avoir un changement dans la routine en raison des ressources financières; cela dit, les enfants s’épanouissent lorsqu’ils évoluent dans un milieu prévisible et stable. 

En voici un exemple.

Le père : « Allons-y, Karine. Je dois te déposer avant d’aller travailler. »

Karine : « Dois-tu absolument aller travailler? J’aime ça quand tu restes à la maison. »

Le père : « Désolée, ma chérie. Je dois aller travailler pour gagner de l’argent. »

Karine : « J’en ai, de l’argent. Je vais te le donner. »

Le père : « Bien non, ma chérie. Il n’y en a pas assez. Papa doit aller travailler, mais on va se voir ce week-end. »

Karine : « Papa, je ne me sens pas bien. Je ne pense pas que je peux m’en aller. S’il te plaît, je veux rester avec toi. »

Le père : « Karine, tu vas bien. Maintenant, dépêche-toi, je vais être en retard. » 

Les changements d’environnement peuvent être très difficiles à cet âge. Les enfants peuvent réagir en insistant pour que leurs besoins immédiats soient satisfaits, même si l’atmosphère est tendue à la maison. Ils peuvent constamment chercher à obtenir l’attention d’un parent qui n’a plus nécessairement autant de temps à lui consacrer en raison de ses nouvelles responsabilités, de ses émotions ou du stress.

À cet âge, l’enfant est centré sur lui-même, mais il est conscient de la tension qui règne. L’enfant réagira aux émotions et percevra les menaces à sa sécurité, par exemple, un parent qui est contrarié et qui pleure, un parent qui crie, un parent qui part sans dire ses au revoir habituels, notamment par une régression physique, comme faire pipi au lit, ou une régression émotionnelle, comme devenir plus accaparant, être incapable de dormir dans son propre lit ou faire des cauchemars.

Voici quelques pistes de solution :

• Tenez-vous-en à une routine.
• Réduisez le nombre de changements dans la vie de l’enfant.
• Limitez le nombre de transitions.
• Soyez conscients de la façon dont votre comportement, ainsi que vos paroles, peuvent avoir un impact.
• Ne vous disputez pas devant les enfants.
• Demandez à vos amis et aux membres de votre famille de passer du temps avec vos enfants.
• Lisez à vos enfants des livres adaptés à leur âge au sujet du divorce et de la séparation pour les aider à mieux comprendre. Demandez à votre bibliothécaire de vous aider à trouver des livres. 
• Encouragez vos enfants à exprimer leurs sentiments et leurs inquiétudes.

Les enfants de 6 à 11 ans tissent de solides liens d’amitié. Ils comprennent la perte associée à une séparation. Ils sont aussi en mesure de reconnaître les changements découlant de votre séparation. Les enfants devront peut-être composer avec les changements de résidence, d’école et de garderie, ce qui pourrait avoir une incidence sur leur capacité de poursuivre des activités ou des relations avec leurs amis.

Voici quelques exemples.

Émilie : « Maman, est-ce qu’on va être correct? »

La mère : « Bien sûr. Ne t’en fais pas. »

Émilie : « Tu sais, je n’ai pas besoin d’aller dans un camp d’été cette année. »

Le père : « As-tu passé un beau week-end? »

Julien : « Oui, c’était super! Maman m’a acheté une nouvelle paire de souliers de course. Ils ont coûté 160 $, mais maman m’a dit que j’en valais la peine. »

Le père : « Mais je t’en ai acheté une nouvelle paire il y a quelques semaines. Tu ne les aimes pas? »

Julien : « Oui. J’en voulais juste une nouvelle paire. »

Ils peuvent être appelés à composer avec des changements à leur routine parce qu’il n’y a plus autant d’argent à leur consacrer; par exemple, vous pourriez ne pas pouvoir inscrire votre enfant au prochain cours de natation, ou votre enfant ne pourra pas nécessairement fréquenter le même camp d’été que d’habitude.

Même des soucis financiers relativement minimes peuvent atteindre un point de rupture dans l’esprit d’un enfant, entraînant des crises, des larmes et des épisodes de fatigue. Vous aurez peut-être moins d’argent à consacrer aux jouets, ce qui pourrait amener l’enfant à accaparer des jouets ou de la nourriture.

Lorsque les enfants sont témoins de la crainte, de la colère ou de la détresse des parents liées au manque d’argent, ils peuvent réagir par une régression physique ou émotionnelle. Ils pourraient entendre le mot « non » plus souvent concernant des questions d’argent – pour des jouets, des gâteries ou des activités spéciales – et réagir en adoptant des comportements visant à attirer l’attention ou en étant centrés sur eux-mêmes.

Ils pourraient réagir à la compétition entre leurs parents pour des questions d’argent en les confrontant l’un à l’autre pour en obtenir davantage. Ils peuvent éprouver un sentiment d’abandon après avoir entendu des commentaires négatifs à propos du manque de soutien financier de la part de l’autre parent.

Voici quelques pistes de solution :

• Éliminez toutes les situations de conflit en présence des enfants. Évitez les disputes à portée de voix des enfants ou devant eux.
• Ne manifestez pas votre colère envers l’autre parent et ne parlez pas de leurs habitudes de dépense.
• Ne faites pas de commentaires négatifs à propos de l’autre parent et des questions d’argent, ni en personne ni au téléphone.
• Expliquez les changements de routine de façon simple, sans dramatiser, et sans faire de reproches.
• Permettez à vos enfants de s’adapter aux nouvelles réalités.
• Dressez un plan financier pour subvenir aux besoins de vos enfants.
• Établissez une entente financière officielle avec l’autre parent pour gérer les dépenses des enfants.

Les ados de 11 à 18 ans sont très conscients de ce qui se passe dans la vie de leurs parents, y compris une séparation. Non seulement sont-ils très éveillés à ce qui se passe autour d’eux, mais ils sont aussi très critiques par rapport à la situation. Les ados sont plus conscients qu’ils sont différents de leurs pairs, et de la façon dont ces différences s’accentuent. 

La mère : « Je sais que tu aimerais beaucoup inviter des amis pour une fête d’anniversaire, mais le propriétaire qui habite en haut ne serait pas d’accord. »

Kevin : « Tu sais que je voulais vraiment fêter mon anniversaire. Pourquoi est-ce qu’on a dû vendre la maison? Pourquoi est-ce que toi et papa n’avez pas fait plus d’efforts pour vous entendre? »

Papa : « Katie, j’ai des billets de concert pour nous deux le jour de ta fête. »

Katie : « Mais maman a déjà organisé un souper de fête avec mes amis. »

Papa : « Je suis certain que maman peut faire des réservations pour un autre soir. Viens donc avec moi au concert. »

Katie : « Peut-être que tu peux changer les billets. Maman a déjà réservé. »

Papa : « Je peux essayer. Mais je voulais vraiment t’inviter à sortir pour ta fête. »

Les ados peuvent ressentir de la gêne face à la séparation de leurs parents et être irrités par les répercussions sur leur vie. Les changements sur le plan financier frappent très durement les adolescents. Les ados sont pris entre l’arbre et l’écorce. Ils peuvent éprouver de graves problèmes psychologiques lorsque règne un climat émotionnel toxique.

Voici quelques pistes de solution :

• Parlez à votre ado des changements dans votre situation financière, mais évitez de faire des reproches à l’autre parent.
• Parlez à votre ado de l’établissement d’un budget et de la gestion financière. Aidez votre ado à comprendre la planification afin qu’il puisse maximiser son argent et choisir les articles que son budget lui permet d’acheter.
• N’utilisez pas les ados pour passer des messages à propos de l’argent.
• Faites part des préoccupations financières de votre ado à l’autre parent et tentez de trouver des solutions.
• Si un ado ne vit pas régulièrement avec un des parents, ce parent devrait tenter de l’exposer à ses propres conditions de vie plutôt que de l’amener à un endroit « spécial » chaque fois qu’il est en visite.
• Encouragez les ados à prendre part à la gestion financière – gagner de l’argent, épargner, comparer les gains et les dépenses.